ALBALAT

Ce carnet vise à présenter le projet archéologique pluridisciplinaire qui est mené sur un établissement fluvial d’al-Andalus, actuellement connu sous le nom d’Albalat. Quoique repéré depuis longtemps, ce site n’avait pourtant jamais fait l’objet d’une approche archéologique, condamnant à répéter toujours les mêmes informations, principalement tirées de sources textuelles médiévales. Ces dernières permettaient de poser des jalons qu’il convenait de confronter aux données de terrain. Les interventions archéologiques, initiées depuis 2009 au rythme d’une campagne annuelle, sont en train renouveler totalement l’image de ce site, situé à la frontière entre royaumes chrétien et musulman (m. XIIe siècle). Le type et la qualité des structures (hammâm, tracé des voiries, réseau d’assainissement, etc.) mis au jour dans les trois grands sondages ouverts confirment un caractère urbain qui n’était pas, de prime abord, évident en raison des ambigüités textuelles et de la difficulté que l’on rencontre parfois pour départager de façon nette entre les vestiges d’une petite ville et ceux d’une grande fortification rural. De plus, les niveaux d’abandon, liés à une destruction violente, livrent un mobilier abondant et bien conservé ; ainsi, les céramiques, les métaux, les restes osseux, malacologiques ou paléobotaniques, etc., font l’objet d’études poussées, complétées le cas échéant par des expertises ponctuelles. Cet ensemble de données nous autorise à retracer, très progressivement, la vie quotidienne de ses habitants et leurs relations avec le milieu environnant. Le croisement entre le registre matériel et les textes invite à proposer un terminus en 1142 pour la fin de l’occupation dans les zones fouillées. Cela est d’autant plus intéressant que la période almoravide – et plus concrètement la première moitié du XIIe siècle -, reste encore très mal connue d’un point de vue matériel dans la péninsule Ibérique.